Les surveillants «ferment, semble-t-il, souvent les yeux».
À l'université, les champions de la triche, ce sont les étudiants de sciences et de technologie. Ces derniers déclarent significativement plus tricher que les étudiants de droit ou sciences économiques, selon l'étude de 2009 sur les « facteurs de la fraude ». Il est évident que les étudiants auront plus de difficultés à tricher lors d'une dissertation que pour un exercice de mathématiques. Mais leurs pratiques antérieures sont assez différentes: 63,1% des étudiants inscrits en droit déclarent n'avoir jamais utilisé d'antisèche lorsqu'ils étaient au lycée contre seulement 26% des étudiants inscrits en DUT (diplôme universitaire de technologie), par exemple.
Les opportunités de tricherie varient sensiblement selon les filières. Les étudiants en santé disent ainsi avoir moins de possibilité de frauder aux examens que dans d'autres formations. Sans doute une conséquence du numerus clausus appliqué en fin de première année qui impose une vigilance particulière des examinateurs. En sciences également, les étudiants ont moins de facilités de tricherie aux examens que leurs homologues de sciences humaines. Mieux surveillés, les scientifiques trichent pourtant davantage que les littéraires, parce que ce sont souvent d'anciens tricheurs et parce que les fraudeurs sont répandus dans leur entourage, un facteur qui décomplexe. Un étudiant interrogé dans une étude du ministère de l'Éducation nationale banalise tellement la fraude qu'il déclare «qu'un bon étudiant était celui qui avait suffisamment travaillé avant l'épreuve pour que sa triche soit directement efficace».
Reste que le plagiat est une pratique répandue dans l'ensemble des disciplines. Lorsqu'ils ont à remettre un document à un enseignant, près de 20% des étudiants indiquent souvent dans une bibliographie des ouvrages non lus ou utilisent une synthèse plutôt que l'original. Quelque 34% d'entre eux ont déjà recopié un texte et l'ont fait passer pour un travail personnel. Les jeunes Français sont d'autant plus étonnés lorsqu'ils vont étudier à l'étranger. En certaines régions du monde, comme la Chine, «copier» n'est jusqu'à un certain stade pas condamnable. «Les étudiants français, de leur côté, ont été surpris de la rigueur qui est de mise sur de tels sujets dans des pays d'Europe du Nord où ils suivaient leurs études», observent des membres de l'inspection générale de l'administration de l'Éducation nationale dans leur rapport de 2007 sur l'évaluation. Ces derniers s'inquiètent au sujet de ces surveillants qui «ferment, semble-t-il, souvent les yeux». Le professeur François Guénard, de l'université Paris-Sud, a recensé plus de soixantetypes de fraude : les codes oraux en cas de QCM, les antisèches réalisées sur des papiers de différentes couleurs des brouillons proposés, les notes manuscrites sur les ouvrages autorisés, notamment les codes, le copiage de formules et données dans des calculettes élaborées, la consultation de cours dissimulés dans les toilettes, les photos de cours sur les téléphones portables, voire les connexions Internet ou les questions par SMS. Les convocations en conseil de discipline sont «rares, peu dissuasives et les peines sont en général légères car souvent annulées pour vice de forme», observent les inspecteurs, ce qui conduit les enseignants à régler le problème en interne.
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